
Gyslain Loyer: Nous avons un bon système, à nous de le défendre
By Par André Dumont
Features Profiles ResearchersLa passion de la production avicole ne suffit pas à Gyslain Loyer. Le
président du Syndicat des producteurs d’œufs d’incubation du Québec et
des Producteurs d’œufs d’incubation du Canada a aussi à cœur la défense
et la promotion d’un système de contingentement qui sert bien les
producteurs.
La passion de la production avicole ne suffit pas à Gyslain Loyer. Le président du Syndicat des producteurs d’œufs d’incubation du Québec et des Producteurs d’œufs d’incubation du Canada a aussi à cœur la défense et la promotion d’un système de contingentement qui sert bien les producteurs.
« Nos prédécesseurs nous ont donné un bon système. C’est un beau défi que de s’assurer de le conserver et de l’améliorer. »
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Le défenseur. Gyslain Loyer est président du Syndicat des producteurs d’œufs d’incubation du Québec depuis décembre 2001. Depuis 2007, il est président des Producteurs d’œufs d’incubation du Canada. Photo par André Dumont
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Producteur d’œufs d’incubation depuis 1988, Gyslain Loyer se consacre aujourd’hui à temps plein aux activités syndicales. Grâce à l’appui d’un gérant de ferme et de plusieurs employés, il produit des œufs d’incubation et élève des poulettes sur quatre sites de ponte, tous à proximité de Saint-Félix-de-Valois.
« Pour moi, il est aussi important de s’occuper du syndicat que de m’occuper de ma ferme », affirme-t-il. Si par exemple la relation avec les acheteurs devait se détériorer, cela serait aussi dommageable pour sa ferme que de mal s’occuper de ses poules, illustre-t-il.
L’impact sur la production pourrait être encore plus catastrophique si les producteurs des cinq productions sous contingentement ne défendaient pas la gestion de l’offre auprès des gouvernements et dans les coulisses des négociations à l’OMC, poursuit Gyslain Loyer.
L’OMC représente la principale menace au système actuel, affirme-t-il. Un assouplissement des barrières tarifaires aurait un effect déstabilisateur sur l’industrie, qui fonctionne actuellement en harmonie avec les couvoiriers (les acheteurs) pour assurer un approvisionnement stable en poussins à l’échelle du pays.
Les besoins en œufs d’incubation au Canada sont déjà comblés à 20 per cent par les États-Unis selon une entente bilatérale, fait valoir Gyslain Loyer. De toutes les productions sous contingentement, celle des œufs d’incubation est celle qui doit composer avec la plus grande part de produits importés.
Les producteurs ont-ils l’appui des gouvernements dans la défense de la gestion de l’offre à l’OMC? Gyslain Loyer croit que oui. « La position du gouvernement fédéral est la même que la nôtre, affirme-t-il. Nous allons à Genève ensemble et nous parlons régulièrement au négociateur pour le Canada »
Au Québec, tous les gouvernements appuient la gestion de l’offre, rappelle le président syndical. Après tout, elle représente environ 40 per cent des revenus agricoles de la province.
Le consommateur canadien a intérêt à ce qu’un plus grand nombre de denrées alimentaires vienne de son propre pays, croit Gyslain Loyer. « Si demain, ce sont les États-Unis et le Brésil qui se mettent à nous nourrir, l’économie de nos régions va se détériorer, nos bâtisses vont se délabrer. Seulement au niveau social, ça vaut le coût pour les consommateurs canadiens d’acheter les produits du Canada. »
La qualité des produits importés ne pourra jamais être aussi bien assurée que celle des produits du Canada, fait également valoir Gyslain Loyer. « On peut bien imposer des normes aux produits importés, mais comment fait-on pour savoir si elles sont respectées? Je ne pense pas que le gouvernement canadien enverra des inspecteurs partout au Brésil et en Argentine. »
La relève
Pour assurer la pérennité de la gestion de l’offre, il faut démontrer qu’elle peut profiter à d’autres que les agriculteurs déjà établis, croit Gyslain Loyer. C’est pour cela que le Syndicat des producteurs d’œufs d’incubation a mis sur pied deux programmes, l’un pour la relève fami-liale, l’autre les nouveaux producteurs.
« Au Québec, nous avons un bon système, une bonne organisation et de bons producteurs. Je crois que collectivement, nous sommes capables de faire quelque chose pour aider les jeunes à démarrer. »
Établi depuis trois ans, le Programme d’aide au démarrage pour la relève octroie un congé de contribution sur les œufs produits pouvant atteindre 4 176 $ par année, jusqu’à concurrence d’un total cumulé de 20 880 $. Sont éligibles les nouveaux détenteurs de quota d’œufs d’incubation de poulet à chair âgés de 18 à 35 ans, ou ceux qui viennent de faire l’acquisition d’au moins 20 per cent des actifs d’une entreprise détenant du quota. Cette année, trois nouveaux récipiendaires bénéficient de ce programme.
Le tout nouveau Programme pour l’établissement de nouveaux producteurs a trouvé son premier récipiendaire, qui démarrera sa production en 2011. Il bénéficiera d’un prêt à vie d’un contingentement de 900 000 œufs par année, ce qui correspond à un troupeau de 6000 poules. Pour y avoir droit, il a dû assembler un plan d’affaires et démontrer qu’aucun membre de sa famille immédiate détient ou a détenu du quota au cours des 10 dernières années, que ce soit dans le volaille ou le lait.
Pour ce premier octroi, ce sont les 40 producteurs en place qui sont cédé une petite partie de leur quota pour venir en aide à un jeune, explique Gyslain Loyer. Les prochains octrois se feront au plus une fois tous les trois ans, lorsque la quantité d’œufs de la réserve le permettra.
En 1988, Gyslain Loyer démarrait en production d’œufs d’incubation à partir de rien, s’achetant une ferme avec toutes ses économies comme mise de fond. Il se rappelle bien les longues heures de travail. « Quand tu démarres en affaires, il faut que tu donnes ton 115 per cent. Pour arriver à un jour à respirer, le travail est colossal. »
Aujourd’hui, son fils Francis se montre intéressé à l’aviculture. Peut-être profitera-t-il des retombées des efforts de son père, qui s’implique en syndicalisme agricole depuis plus de 15 ans.
Démarrer en agriculture est encore plus difficile aujourd’hui qu’il y a 20 ans, reconnaît Gyslain Loyer. « On sait qu’un des problèmes est le coût du quota. Ensemble, les producteurs du Québec peuvent partager ce qu’ils possèdent et aider de nouveaux producteurs. »
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