Canadian Poultry Magazine

Pierre-Luc Leblanc – Quebec (en français)

By André Dumont   

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À 35 ans, Pierre-Luc Leblanc est le plus jeune président de l’histoire des Éleveurs de volaille du Québec (ÉVQ).

Le plus jeune président de l’histoire des ÉVQ a toujours su qu’il voulait vivre d’agriculture

À 35 ans, Pierre-Luc Leblanc est le plus jeune président de l’histoire des Éleveurs de volaille du Québec (ÉVQ). Son âge, il s’en formalise peu. Si on l’a choisi, c’est parce que son syndicat avait besoin d’un leader dynamique et persuasif. Un an après son arrivée en poste, il a encore l’impression d’être la bonne personne pour la tâche.

« Si les membres sont satisfaits de mon travail, je serai là longtemps. S’ils apprécient moins, ce sera plus court », dit-il.

Producteur à La Présentation, tout près de Saint-Hyacinthe, Pierre-Luc Leblanc n’avait pas planifié son accession à la présidence des ÉVQ. Il avait siégé au comité dindon, mais jamais au conseil d’administration. Quand on l’a approché pour occuper la présidence, il a été surpris. Puis il a compris : pour que son syndicat mène à terme certains dossiers très importants, son esprit rassembleur pouvait être très utile.

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Son engagement en agriculture n’est pas nouveau. Il a été délégué dans des coopératives locales, il siège au comité dindon des ÉVQ depuis quatre ans et il est conseiller municipal à La Présentation. Il fait aussi partie d’un sous-comité sur l’agriculture à la Ville de Saint-Hyacinthe.   

Né sur une ferme de grandes cultures, Pierre-Luc Leblanc a toujours su qu’il voulait vivre d’agriculture. « À l’école, tout le monde se posait des questions sur son avenir. Moi, mon chemin était tracé. Je me trouvais privilégié que mes parents aient une ferme. »

Diplôme d’études collégiales de l’ITA de Saint-Hyacinthe en poche, il se lance en production de volaille. Ses parents, Laurent Leblanc et Pierrette Gaudette, l’aident à devenir propriétaire d’un premier élevage de dindons. Son frère Laurent recevra aussi de l’aide financière pour acquérir un premier poulailler.

Laurent Leblanc souhaitait que ses fils aient chacun leur entreprise. À ce jour, son épouse et lui possèdent encore toutes les terres en grandes cultures. Pierre-Luc et son frère aîné Jocelyn ont chacun quelques poulaillers, mais ils ont rapidement compris que la croissance serait plus facile en s’unissant. « Une grosse ferme et son quota étaient à vendre, raconte Pierre-Luc. Je n’étais pas capable de l’acheter seul et mon frère non plus. Nous l’avons achetée ensemble. Depuis 2004, nous faisons toutes les acquisitions ensemble. »

Ainsi est né le Groupe Aquino. Une quarantaine d’employés se partagent les tâches aux champs et sur des sites de production de poulet à griller, de dindon, de poulettes et d’oeufs d’incubation, répartis dans la grande région de Saint-Hyacinthe.

« C’est la volaille qui me passionne, dit Pierre-Luc. J’ai toujours aimé les animaux. » Son frère Jocelyn a un penchant naturel pour les grandes cultures. Depuis quelques années, leur sœur Marylène fait aussi partie du Groupe Aquino. Même si le tiers des sites de production avicole sont en propriété individuelle, c’est le Groupe Aquino qui réalise tous les achats, gère les ressources humaines et assure le volet administratif.

Dossiers chauds
À la tête des ÉVQ, Pierre-Luc Leblanc a d’abord voulu confirmer les valeurs fondamentales du syndicat, afin que tous puissent ensuite s’entendre sur des stratégies qui correspondent à des objectifs qui font l’unanimité.

La valeur numéro un est la continuité de la ferme familiale. Suivent l’efficacité et la qualité de la production, le respect et l’équité entre membres, sans oublier le bien-être animal.

Le dossier qui accapare le plus les ÉVQ ces dernières années est la demande de création d’une agence centralisée de vente de quota et la fixation du prix du quota. La Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec a demandé aux ÉVQ de revoir les dispositions de l’agence proposée et de présenter une nouvelle demande d’ici le 1er novembre.

« Nous sommes en train d’analyser la décision de la Régie, explique Pierre-Luc Leblanc. Elle reconnaît que nos objectifs sont les bons, mais les moyens sont à améliorer. »

Le président des ÉVQ se dit préoccupé par le prix actuel du quota, qui ne permettrait plus à de jeunes producteurs d’en acquérir en espérant le rentabiliser. Il s’inquiète aussi de la perception du public, qui pourrait croire que le prix élevé du quota se reflète dans le prix du poulet, alors que techniquement, il ne fait pas partie du calcul du coût de production.

« Nous voulons stabiliser la valeur des quotas et que tous aient une chance égale d’en acquérir. Avec une agence de vente, tout le monde pourra démarrer un élevage. » L’agence de vente et la fixation du prix du quota doivent à la fois permettre à la relève d’accéder à la production et aux entreprises existantes de continuer à croître, insiste le président.

Depuis quatre ans, il y a un moratoire sur les transactions de quota de production de poulet au Québec. Le prix fixe évoqué serait de 900 $ le mètre, mais Pierre-Luc Leblanc reconnaît qu’il reste encore beaucoup d’interrogations sur la méthode à employer pour justifier ce prix.

Les ÉVQ sont aussi à revoir leur programme d’aide à la relève. L’attribution de quota doit véritablement servir à intégrer la relève qui travaillera à temps plein à la ferme, insiste le président, en allusion à des cas où la relève qui a bénéficié du programme actuel occupe un emploi à temps plein à l’extérieur.

Efficacité et gestion de l’offre
À l’échelle nationale, Pierre-Luc Leblanc entend travailler avec les autres provinces pour régler la question de la croissance différentielle. L’allocation de la croissance ne doit pas se faire en tenant compte seulement de la croissance de la population, croit-il. On doit aussi considérer l’efficacité de la production et de la transformation.

La défense de la gestion de l’offre demeure d’actualité. L’entente avec l’Union européenne qui ouvre le marché des fromages fins fait craindre aux ÉVQ qu’une partie de leurs acquis s’envolent pour favoriser la conclusion d’autres ententes bilatérales.

« Nous voulons être proches du gouvernement, pour qu’il réalise l’impact s’il change quelque chose. Les éleveurs de volaille paient 1,8 milliard $ seulement en impôts et notre production n’est pas subventionnée », fait valoir le président des ÉVQ.

Des pays comme les États-Unis, le Brésil où la Chine n’ont pas les mêmes exigences sanitaires et environnementales que le Canada, rappelle Pierre-Luc Leblanc. « La gestion de l’offre, c’est aussi ça : un moyen de produire efficacement en respectant des normes de salubrité élevées. Il y a un coût à ça, mais je pense que c’est ce que les Canadiens veulent. »


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