Canadian Poultry Magazine

Santé: Le paramyxovirus de type 1 du pigeon

By Dr. Babak Sanei Dr. Marina Brash Dr. Davor Ojkic   

Features Broilers Health

Le paramyxovirus de type 1 du pigeon

Son importance pour l’industrie avicole

28Le paramyxovirus de type 1 du pigeon (PPMV-1) est apparenté de près au virus de la maladie de Newcastle (VMN), les deux appartenant à la famille des Paramyxoviridae, et plus spécifiquement au même sérotype Paramyxovirus de type 1. Malgré leur lien rapproché, il existe des différences antigéniques frappantes entre les le VMN et le PPMV-1, lesquelles peuvent êtres déterminées uniquement par des tests de laboratoire.

La pathogénicité des différentes souches du VMN varie considérablement selon les espèces d’oiseaux. On dit des souches qu’elles sont avirulentes (si elles n’entraînent aucune manifestation clinique), faiblement pathogènes (si elles n’occasionnent que des manifestations cliniques faibles à moyennes) ou virulentes (si elles sont hautement pathogènes et provoquent la maladie de Newcastle, forme exotique).

Advertisement

Quant au PPMV-1, il a été isolé à partir de foyers chez les pigeons commerciaux et féraux dans le monde entier, entraînant une forte mortalité et de graves manifestations cliniques chez cette espèce. 

Il est important de distinguer le PPMV-1 des souches virulentes du VMN.  Ces dernières provoquent la maladie de Newcastle, forme exotique, considérée comme extrêmement contagieuse. Elles peuvent infecter plus de 236 espèces d’oiseaux, entraînant une forte mortalité chez les hôtes sensibles comme les poulets et les dindons. Parmi les foyers de VMN, seuls ceux causés par les souches virulentes doivent être déclarées à l’OIE (Organisation Mondiale de la Santé Animale ) par les pays membres. En présence de la forme hautement pathogène, des restrictions au commerce peuvent être mises en place dépendamment des espèces atteintes et des risques épidémiologiques. La maladie de Newcastle, forme exotique, est une maladie à déclaration obligatoire au Canada et l’ACIA (Agence canadienne d’inspection des aliments) prend des mesures énergétiques pour la contrer.

Le PPMV-1 fut isolé pour la première fois à partir de pigeons au Moyen-Orient vers la fin des années 70 et est apparu peu après en Afrique du Nord. Le virus a été repéré en Italie en 1981 et s’est propagé à travers le monde de 1981 à 1984. Le PPMV-1 a été isolé chez les pigeons sauvages, commerciaux et féraux, les colombes et certains oiseaux d’agrément. Il a été suggéré que le PPMV-1 soit une variante génétique du VMN des poulets, et que la transmission fréquente du virus entre les poulets et les pigeons soit à l’origine du PPMV-1.

Aux États-Unis (E.-U.), les premiers cas de PPMV-1 ont été signalés en 1984. Depuis, il y a eu de nombreuses incidences déclarées chez les pigeons commerciaux et féraux dans ce pays.  Au Canada, on a constaté une recrudescence des cas signalés dans des élevages de pigeons commerciaux présentant des signes nerveux et une augmentation de la mortalité au courant du mois de novembre 2006.

Est-ce le PPMV-1 peut occasionner la maladie dans les bandes de volailles commerciales?
En 1984, au Royaume-Uni, un certain nombre de foyers dans des bandes de volailles manifestant des signes cliniques, notamment  la réduction de la ponte, la présence de signes nerveux et une hausse de la mortalité, ont été attribués à une infection au PPMV-1.

La contamination de la nourriture par des déjections ou des carcasses de pigeons infectés fut considérée comme étant la principale source de la plupart de ces foyers.

Jusqu’à présent, aucun cas de PPMV-1 causant des manifestations cliniques dans les bandes de volailles commerciales n’a été confirmé aux É.-U. ni au Canada, et ce, malgré l’étendue des foyers de PPMV-1 chez les pigeons féraux et commerciaux aux É.-U. depuis 1984, et plus récemment chez les pigeons commerciaux au Canada. Cependant, en 2001, il a été spéculé que la réduction de la ponte dans une bande de pondeuses aux É.-U. serait attribuée à la contamination de la nourriture par des carcasses de pigeons infectés. Toutefois, on n’a pu le prouver : le PPMV-1 fut isolé à partir des carcasses de pigeons mais pas à partir des pondeuses elles-mêmes.

Puisqu’il a été démontré dans le passé que certaines souches de PPMV-1 initialement isolées de pigeons peuvent causer la maladie clinique dans des bandes de volailles commerciales, comme se fut le cas en Europe en 1984, il est logique de se préoccuper du fait que ces virus puissent également infecter les bandes de volailles et causer des manifestations cliniques de ce côté de l’Atlantique.

Plusieurs études américaines ont examiné la virulence du PPMV-1 isolé à partir de pigeons chez les poulets sous des conditions expérimentales. La pathogénicité des divers isolats s’est avérée très variable. Certains isolats n’ont causé aucun symptôme ou que de faibles signes respiratoires tels que des éternuements, alors que d’autres ont provoqué un taux de mortalité extrêmement élevé chez des poussins inoculés l’âge d’un jour. La sévérité des signes cliniques s’est avérée beaucoup moindre lorsque l’inoculation, faite à partir des mêmes isolats, fut effectuée sur des poulets plus âgés. Dans l’ensemble, les résultats indiquent que les souches du PPMV-1 et/ou l’âge des poulets au moment de l’inoculation sont des facteurs prépondérants qui influencent la sévérité des manifestations cliniques. Une étude récente a démontré que l’inoculation double du PPMV-1 avec un autre agent infectieux tel que le IBDV (virus de la bursite infectieuse), le CAV (virus de l’anémie infectieuse du poulet), et le MG (Mycoplasma gallisepticum) n’a pas aggravé les signes cliniques du PPMV-1.

Il est important de souligner que le PPMV-1 est typiquement très contagieux et qu’il peut se propager d’un pigeonnier à d’autres bandes de pigeon ou de volailles, surtout si les mesures de biosécurité sont inadéquates. Il est également possible que des poulets infectés puissent excréter le virus sans toutefois qu’il n’y ait de signes cliniques.

La possibilité de transmissions fréquentes du PPMV-1 entre les pigeons et les bandes de volailles domestiques est aussi préoccupante.  En effet, il a été démontré que ces virus sont d’autant plus aptes à provoquer la maladie lorsque les poulets sont inoculés séquentiellement. On ignore encore si le pouvoir pathogène du PPMV-1 peut s’accroître si on laisse le virus circuler dans des bandes de volailles commerciales; des études approfondies seraient nécessaires. Il est néanmoins justifié de limiter tout contact direct ou indirect entre les élevages de pigeons infectés et les volailles commerciales.

Est-ce que les souches virulentes de la maladie de Newcastle peut infecter les pigeons?
À l’instar de plusieurs autres espèces d’oiseaux, les pigeons sont sensibles aux souches virulentes du VMN. Ils peuvent contracter le virus, l’excréter, et potentiellement infecter d’autres pigeons ou des volailles. Dans les pays où la forme exotique du NDV n’a pas encore été signalée, la présence de signes nerveux dans des bandes de volailles devrait être examinée avec soin pour éliminer la possibilité qu’il s’agisse de ce virus. À fin de déterminer la nature exacte de l’agent pathogène, il faut recourir à des tests de laboratoire, lesquels sont généralement coordonnés par un vétérinaire.

Que peut-on faire pour prévenir cette maladie?
En somme, l’augmentation des incidences du PPMV-1 dans les élevages de pigeons au Canada demande une surveillance accrue et des mesures appropriées pour deux raisons principales. D’abord, le PPMV-1 peut provoquer la maladie chez les pigeons non-vaccinés et occasionner des pertes dans ces élevages. Deuxièmement, si les mesures de biosécurité sont inadéquates, le virus pourrait se propager dans des opérations commerciales de poulets et de dindons. Même si certaines souches de PPMV-1 ne causent pas nécessairement de manifestations cliniques évidentes, elles pourraient permettre au virus de circuler dans des bandes de volailles pour une période prolongée et, selon les données expérimentales disponibles, acquérir un plus grand pouvoir pathogène, et pourraient éventuellement causer des signes cliniques. Le potentiel que cette éventualité survienne dans des conditions naturelles est encore inconnu. n

Les références sont disponibles sur demande auprès du Poultry Industry Council. Cet article est disponible en anglais  (fiche technique 158) au www.poultryindustrycouncil.ca.


Print this page

Advertisement

Stories continue below